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Médecines complémentaires

Comment soigner autrement les yeux blancs des ruminants ?

par Dr Joannick DORSO

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La maladie de l’œil blanc (pinkeye donc œil rose en anglais) ou kératite, est appelée KCIB (Kérato-Conjonctivite Infectieuse Bovine) en jargon scientifique. On rencontre principalement cette affection en période estivale, alors on suppose que les mouches en sont responsables. Mais en est-on bien sûr ? Et peut-on soigner au moyen des techniques de médecine complémentaire ?

Les causes sont multiples :

En fait, on sait que la kératite est principalement due à une bactérie Moraxella bovis, qui est contagieuse par transport passif via les pattes des mouches, d’où le lien classiquement effectué entre mouches et kératite. Néanmoins, il existe d’autres bactéries responsables de ces affections oculaires (coliformes ou mycoplasmes) et même des virus (IBR).

On a pu noter des facteurs prédisposants comme la poussière, les rayons UV, les fourrages trop agressifs, certaines graminées montées en graine au pâturage, ou même simplement le stress. Un foin poussiéreux, distribué en hauteur, explique par exemple des cas relevés en hiver au bâtiment en absence de mouches. De même certaines pailleuses engendrent une forte poussière en bâtiment pendant de longues minutes, et donc augmentent fortement le risque de lésion dans l’œil.

Statistiquement, les animaux n’ayant pas de pigment sur les paupières, et la face en partie ou entièrement blanche, seraient prédisposés à ces affections oculaires.

Comment s’exprime la maladie ?

Au départ, un seul œil est infecté et il commence par couler avec une conjonctive rouge, l’animal cligne beaucoup de l’œil atteint en raison d’une forte sensibilité à la lumière. Au fur et à mesure du développement de la bactérie, il y a sécrétion d’enzymes qui attaquent la cornée et provoquent des ulcères : la cornée deviendra opaque, puis un point blanc se formera (la fameuse taie de l’œil) qui grossira et pourra bleuir jusqu’à rendre l’animal aveugle.

En absence de traitement rapide, la maladie peut s’étendre jusqu’à 75% du lot.

Comment prévenir la maladie ?

La gestion de la kératite passe évidemment par la gestion des mouches : sans mouche pas de transmission entre animaux (ou beaucoup moins car une transmission par contact direct est possible). Il faut donc gérer les mouches dans le bâtiment d’élevage (lutte biologique par mini-guêpes par exemple) mais aussi sur les animaux, au moyen d’insecticides vétérinaires ou de compléments alimentaires à base d’ail par exemple.

Lorsque les cas s’expriment hors saison estivale, il faut trouver où les animaux s’irritent les yeux et parfois changer le mode de distribution du fourrage sec.

Comment est-elle soignée classiquement ?

Bien souvent, on utilise une pommade ou un collyre antibiotique pour soigner cette affection, le germe responsable étant relativement sensible aux antibiotiques, cela s’avère plutôt efficace…

Mais il n’existe plus de pommade ni de collyre ophtalmique destinée aux animaux de rente !

Le vétérinaire traitant est donc contraint de prescrire une spécialité destinée aux carnivores domestiques ou aux chevaux, ou alors de prescrire une crème intramammaire : c’est permis par la cascade réglementaire mais ça implique des délais d’attente forfaitaires soit 7 jours en lait et 28 jours en viande (doublé en bio) ! Cette attente est tout à fait justifiée de par le fait que par voie oculaire les antibiotiques pénètrent très bien l’organisme et se retrouvent dans le sang et donc dans le lait produit par l’animal traité.

Quand l’affection est plus grave, il peut même être nécessaire d’avoir recours à des injections sous-conjonctivales, voire à une suture des paupières par tarsorraphie (opération réalisée par le vétérinaire).

 

Peut-on faire autrement pour la soigner ?

Si l’affection est détectée précocement, il est tout à fait possible de travailler au moyen des techniques de médecine complémentaire.

En première intention, on peut favoriser la cicatrisation et limiter l’infection grâce à du miel : ses propriétés régénérantes et les actifs anti-infectieux qu’il contient suffisent bien souvent à régler le problème en deux ou trois applications. Il faut pour cela choisir un « vrai » miel (pas un mélange coupé au sirop d’agave…) liquide ou crémeux selon sa préférence pour l’application.

Une huile essentielle offre des propriétés antibactériennes avec une innocuité suffisante pour être utilisée sur la muqueuse oculaire : le Tea Tree (arbre à thé). On la retrouve dans certains produits prêts à l’emploi pour être instillés dans l’œil, mais il est aussi possible de l’associer au miel pour en renforcer l’effet anti-infectieux (sur prescription vétérinaire, car la loi interdit de fabriquer son propre médicament).

Pour conclure :

Les clés pour gérer efficacement la kératite résident, comme souvent, dans la prévention contre les mouches pour limiter la contagion, et dans l’intervention précoce sur les animaux malades afin de limiter les séquelles.

Pour cela il est tout à fait possible de faire autrement grâce aux propriétés naturelles des plantes ou du miel, aussi bien en préventif qu’en curatif.

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