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Veaux & Génisses

Prévenir les diarrhées infectieuses des veaux : d’accord, mais connaissez-vous l’agresseur ?

par Dr Jean-Michel CUMINET

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Les diarrhées infectieuses représentent 60 à 80 % des pathologies du jeune veau durant les 4 premières semaines de vie. En France, en moyenne, 20 % des veaux laitiers en sont atteints et 3 % en meurent. Leur impact économique est donc conséquent. Les agents pathogènes responsables de ces diarrhées sont nombreux et leur prévention peut différer selon les cas. Les identifier avec certitude doit être le premier réflexe à avoir pour une gestion raisonnée de ces pathologies.

De nombreux agresseurs et souvent associés

En bas âge, les agresseurs impliqués dans les diarrhées des veaux appartiennent aux 3 grandes « classes » de pathogènes : les virus (rotavirus et coronavirus), les bactéries (colibacilles, clostridies et salmonelles) et les parasites (cryptosporidies et giardia). Ils s'attaquent à la muqueuse intestinale et provoquent une diminution de l'absorption des nutriments tout en perturbant les flux hydriques. Il s’ensuit une hypoglycémie, une déshydratation et une acidose métabolique potentiellement fatale. 

 

Pour bien combattre son ennemi, il faut le connaître

Les symptômes des diarrhées sont peu spécifiques de tel ou tel pathogène. Les signes cliniques, l’âge de survenue et la sévérité clinique peuvent permettre de suspecter un agresseur plutôt qu’un autre. Toutefois ces éléments ne permettent pas de poser un diagnostic de certitude ; d’autant que l’association de malfaiteurs est très fréquente ! Des analyses, surtout basées sur des examens de selles, sont donc indispensables.

 

Premier geste réflexe : analyser les fèces

Dès le 1er veau mort de diarrhée ou dès le 3ème veau malade sur une courte période, un diagnostic précis s’impose car le caractère « épidémique » se confirme. Le prélèvement de fèces doit être réalisé avant tout traitement. L’analyse de plusieurs veaux est souhaitable afin de mettre en évidence tous les pathogènes présents. Les analyses sont réalisables auprès des laboratoires départementaux ou de vos vétérinaires.

 

Certains kits, dit « rapides », sont désormais accessibles aux éleveurs qui peuvent réaliser en temps réel des analyses au chevet des veaux pour un coût raisonnable. Le « kit diarrhées » San’élevage permet de mettre en évidence la présence de 5 pathogènes en moins de 5 minutes : rotavirus, coronavirus, deux colibacilles (F5 et CS31A) et cryptosporidies. Le principe est simple : la migration d’un soluté enrichi de fèces sur un buvard ; une barre témoin « T » indique que le test a bien fonctionné ; une éventuelle deuxième barre « C » indique la positivité du test pour l’agent considéré.

Une prévention spécifique à chaque agresseur

Connaître effectivement le ou les agents responsables peut permettre, pour les naissances à venir, de mettre en place une prévention spécifique avec l’aide de la prescription de votre vétérinaire si mise en évidence de :

  • virus et/ou bactéries, la vaccination des mères avant vêlage est un levier de prévention efficace sous réserve que :

  -  les valences contenues dans le vaccin soient en adéquation avec les pathogènes présents sur l’élevage.

  - l’avantage de l’orientation en anticorps spécifiques du colostrum ne soit pas hypothéqué         par une mauvaise distribution du colostrum à l’origine d’un défaut de transfert d’immunité.

  • cryptosporidiose, une prévention par un antiparasitaire spécifique peut être mise en place.

           

La prévention générale reste de rigueur

Elle représente 80 à 90 % du travail de prévention des diarrhées. L’essentiel des leviers de prévention réside dans des pratiques optimales et rigoureuses de la conduite des veaux :

  • la réduction de la pression infectieuse dans l’environnement du veau par l’hygiène du :

  - local vêlage et du logement « veau » ; au travers du nettoyage, du curage, de la désinfection, d’une ambiance et d’une ventilation saines, d’une densité animale régulée.

  - matériel de buvée.

  • l’optimisation des défenses immunitaires du veau par une distribution adéquate du colostrum (précocité, qualité contrôlée et quantité calculée) et une alimentation solide équilibrée en azote et énergie sans carences en oligo-éléments et vitamines.
  • l’évitement des stress.
  • l’isolement précoce du malade pour limiter la contagion.

 

La construction de la meilleure défense s’appuie sur la connaissance précise de l’ennemi. Votre geste réflexe lors de diarrhées sur les veux : faire des analyses.

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