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Veaux & Génisses

Infections ombilicales : la prévention est-elle possible ?

par Dr Jean-Michel CUMINET

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Les omphalites touchent en moyenne 10 % des veaux laitiers et allaitants (avec une variation entre 2 et 30 %) et représentent la 3ème pathologie chez les veaux après les diarrhées et les problèmes respiratoires. Des mesures simples sont à mettre en œuvre pour réduire les risques d’infection du cordon ombilical.

La dessiccation en 3 à 5 jours et la chute du vestige du cordon ombilical vers 2 semaines de vie peuvent être perturbées par une infection. Celle-ci multiplie par 2,5 le risque de mortalité des veaux. L’omphalite est souvent localisée à l’extérieur de l’abdomen avec une infection des structures externes (cordon ombilical). Elle peut aussi affecter les structures internes (veine et artères ombilicales, ou canal de l’ouraque) du nombril, avec des complications hépatiques (abcès au foie), vésicales (cystite) voire rénales, des arthrites, etc. Si l’infection atteint uniquement les structures internes, elle est plus sournoise car moins visible.

Les bactéries en cause sont majoritairement celles à réservoir environnemental : Arcanobacterium pyogenes (la plus fréquente), colibacilles, streptocoques, staphylocoques…

 

La maitrise de ces infections passe par 5 axes :

 

L’hygiène au vêlage

Il faut limiter les interventions obstétricales à celles strictement nécessaires et renforcer l’hygiène dans ce cas ; c’est-à-dire propreté et désinfection de la parturiente et de l’intervenant : vulve nettoyée au savon puis désinfectée, port de gants, utilisation de gel lubrifiant, etc.

Le lieu ou le box de vêlage doit être propre, sec, bien paillé, curé et désinfecté régulièrement. En contact avec le sol dès la naissance, la « plaie » ombilicale représente une porte d’entrée pour les microbes ; il faut donc limiter toute « saleté ».

 

La désinfection précoce et répétée du cordon après la naissance

La première des mesures consiste à se laver les mains et à porter des gants à usage unique lors d’intervention sur le cordon. La désinfection de celui-ci doit être réalisée dès que possible après la naissance (dans les 30 minutes). Il faut commencer par pincer le cordon de haut en bas afin d’en retirer le maximum de sang (le sang résiduel est un bon « garde-manger » pour les bactéries !).

Les produits utilisables sont la teinture d’iode à 7 %, les produits à base de pividone iodée, ou la chlorhexidine. Cette dernière semble avoir certains avantages dans la littérature : large spectre (bactéries Gram+ et Gram-), une action relativement longue, peu toxique, peu irritante, et reste relativement active en présence modérée de matières organiques. L’effet protecteur de la chlorhexidine à 4 % est d’ailleurs démontré en médecine humaine.

Selon la rémanence du produit choisi (qui dépend à la fois de la molécule choisie et de la forme galénique – mode de présentation du produit –), l’application du désinfectant doit être répétée entre 2 et 5 jours.

Afin de garantir une application à 360°, il semble préférable de choisir un trempage complet du cordon dans une cupule contenant le produit (plutôt qu’une pulvérisation) à condition toutefois que la cupule soit vidée de son produit et nettoyée entre deux désinfections d’ombilic.

Lorsque le cordon ombilical est coupé au ras de la plaie, il faut envisager une suture de la plaie avec l’aide de votre vétérinaire.

 

L’hygiène du milieu de vie du veau

Il faut limiter la contamination du nombril par les bactéries pathogènes d’origine environnementales : séparation rapide du veau de sa mère (pour le soustraire au lieu de vêlage potentiellement contaminé), litière épaisse renouvelée quotidiennement, curage fréquent, ventilation optimale du bâtiment nurserie pour minimiser la source d’humidité, etc.

 

L’augmentation des défenses immunitaires du veau, de sa résistance aux agresseurs et la limitation des stress

Un transfert efficace d’immunité passive par une distribution précoce et en quantité suffisante d’un colostrum de qualité permet de « booster » les défenses du veau contre les infections en général.

Le veau doit être rapidement placé dans un logement thermiquement confortable afin de limiter le stress thermique.

D’une façon générale, il faut éviter toutes les causes à l’origine « d’un veau mou » qui aura un moindre réflexe de succion (donc une moindre absorption des anticorps du colostrum) et restera plus souvent couché par manque de vitalité (donc le temps de contact avec la litière septique sera augmenté). Ces causes sont nombreuses et doivent être investiguées au besoin : vêlage compliqué (avec veau anoxique) par mauvaise gestion de la phase « préparation vêlage » des mères (engraissement, manque de complément minéral vitaminé, non gestion de la Balance Alimentaire Cations Anions…), carences en sélénium, iode et vitamines E, etc.

 

Eviter le léchage du cordon

Ceci est relativement facile pour les veaux laitiers : séparation rapide de la mère, condamner l’accès des chiens au logement « veaux », séparation des veaux entre eux (logement individuel jusqu’à 3 semaines). Cette préconisation est plus difficile pour les veaux allaitants !

 

Si malgré la mise en place des mesures préventives un cordon est infecté,une antibiothérapie doit être instaurée sous prescription de votre vétérinaire traitant.

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